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Au-delà de la Douleur : Comprendre l'Automutilation, Ses Causes et les Voies de la Guérison

Oxelya
18 septembre 2025
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Découvrez les causes et symptômes de l'automutilation, apprenez à l'identifier et explorez des stratégies de gestion et traitements pour retrouver un équilibre émotionnel.

Au-delà de la Douleur : Comprendre l'Automutilation, Ses Causes et les Voies de la Guérison

L'automutilation, également connue sous les termes de passages à l’acte auto-agressifs ou self-harm, se caractérise par le fait de s'infliger délibérément de la douleur ou des dommages corporels. Ces comportements complexes, qui peuvent être suicidaires ou non, sont souvent sources d'incompréhension. Pourtant, l'automutilation représente fréquemment l'expression silencieuse d'une intense douleur émotionnelle non verbalisée. Ce sujet, bien que délicat, est crucial en santé mentale, d'autant plus qu'il touche un nombre croissant d'adolescents et de jeunes adultes.

Basé sur des observations cliniques, cet article a pour objectif de vous fournir des informations détaillées et des stratégies concrètes pour mieux comprendre l'automutilation et y faire face. Nous démystifierons ce comportement, explorerons ses racines et proposerons des pistes de guérison pour retrouver un équilibre émotionnel sain.

Qu'est-ce que l'automutilation ?

Communément, l'automutilation intervient lorsqu'une personne se blesse pour tenter de gérer des pensées et des sentiments excessivement difficiles, des souvenirs douloureux ou des situations accablantes. Il s'agit d'une destruction délibérée d'un tissu corporel.

De manière plus subtile, ce geste peut aussi servir de moyen pour s'appréhender et se connaître à divers niveaux : faire face à des sentiments et pensées conflictuelles, des émotions diffuses incontrôlables, ou encore explorer les états chaotiques liés à un traumatisme. L'automutilation est aussi considérée comme une atteinte à l'intégrité de la santé mentale.

Il est primordial que l'entourage (famille, amis, écoles, collègues, soignants) adopte une attitude bienveillante et non jugeante face à ce trouble.

Plus en détail, l'automutilation peut être une façon de :

  • Exprimer une émotion ou une difficulté que la personne ne parvient pas à verbaliser.
  • Se distraire d'émotions profondément douloureuses.
  • Matérialiser des pensées ou des sentiments en quelque chose de visible.
  • Transformer la douleur émotionnelle en douleur physique.
  • Réduire des sentiments ou pensées intenses en une sensation physique.
  • Échapper à des souvenirs traumatisants.
  • Se punir pour ses sentiments et ses expériences.
  • Rompre avec l'engourdissement, l'anesthésie émotionnelle, ou la dissociation d'origine traumatique.
  • Exprimer des idées suicidaires sans passer à l'acte.

À partir de ces descriptions, trois thèmes principaux émergent, tous liés à la manière dont la personne gère sa douleur intérieure et sa vulnérabilité :

  1. Accepter et mériter la douleur.
  2. Rechercher un moyen de ne pas ressentir la douleur.
  3. Se sentir profondément blessé sans trouver d'aide.

Les comportements d'automutilation varient d'une personne à l'autre, prenant diverses formes et fréquences. Ils peuvent inclure :

  • Se couper, se mordre, se gratter, se brûler la peau.
  • Gratter des plaies ou des croûtes pour empêcher leur guérison.
  • Arracher des cheveux ou de la peau.
  • Donner des coups de poing, se frapper le corps, se cogner la tête, se balancer.
  • Prendre des substances nocives ou avaler des objets.

Mais aussi des moyens moins évidents au premier abord, tels que :

  • Se blesser ou se mettre en danger (conduite imprudente, etc.).
  • Boire ou manger de façon excessive.
  • Se droguer.
  • Avoir des relations sexuelles non protégées.

Quelles que soient les raisons et les formes de l'automutilation, il est essentiel de comprendre qu'une aide est disponible pour la surmonter et apprendre des comportements d'auto-apaisement plus sains.

Perspective psychologique

Lorsque les défis de la vie deviennent accablants, l'organisme réagit par des changements cognitifs, biologiques, psychologiques et sociaux. L'individu est alors confronté à sa capacité de résolution de problèmes, de régulation des affects et de réciprocité relationnelle. Pour y faire face de manière ajustée, cela requiert souvent une identité et une représentation de soi matures.

L'excitation émotionnelle, l'impulsivité, les sentiments difficiles et le stress interpersonnel sont fréquemment submergeants, et les comportements à risque ne sont pas rares durant ces périodes de vie (adolescence, événements perturbants ou de changement, pertes, deuils...). Porter atteinte à son corps peut donc signaler un trouble du développement ou un déficit dans la structure du soi. L'automutilation traduit alors une tentative de mettre en place des éléments essentiels à la construction d'un sens de soi, d'une représentation physique, à l'établissement de frontières entre soi et les autres, et à une mémoire autobiographique narrative.

Une autre perspective suggère que le corps devient le champ de bataille de l'identité du soi, vécu comme un objet distinct de la personne, autorisant ainsi qu'il soit traité, puni ou discipliné par diverses agressions physiques. Quelle que soit sa forme, l'automutilation s'exprime comme une perturbation ou une déficience dans la capacité de "mentalisation", c'est-à-dire la capacité à comprendre son propre comportement et celui des autres, ainsi que les états mentaux sous-jacents.

En conclusion, le développement de la mentalisation est crucial pour l'intégration des affects, le contrôle des impulsions, la différenciation avec autrui, et finalement, une représentation cohérente de soi. Ces intégrations successives permettent de relever les défis du développement, les événements de vie douloureux, voire les traumatismes de l'enfance, sur les plans cognitif, émotionnel et relationnel. Cette intégrité retrouvée permet à la personne de développer sa capacité à se représenter, à comprendre son propre comportement et celui des autres.

Causes et symptômes de l'automutilation

Facteurs contribuant à l'automutilation

Plusieurs facteurs augmentent la vulnérabilité d'une personne aux comportements d'automutilation :

  • Souffrir d'un trouble de la santé mentale tel que la dépression, l'anxiété, les troubles de la personnalité borderline, ou les troubles du comportement alimentaire.
  • Avoir vécu des expériences traumatisantes.
  • Avoir des difficultés émotionnelles non résolues.
  • Subir une forte pression sociale.
  • Vivre un deuil complexe (suite à un suicide, un accident...).

L'automutilation est souvent enracinée dans un mélange complexe de facteurs. Il est crucial de souligner qu'elle n'est pas un choix volontaire, mais plutôt une tentative de faire face à une souffrance intense. Reconnaître ces déclencheurs potentiels aide à élaborer des approches personnalisées de compréhension et de guérison.

Après s'être automutilée, la personne peut ressentir une libération à court terme, mais la cause profonde de la détresse persiste. L'automutilation peut même exacerber les émotions difficiles, entraînant un sentiment d'aggravation. Bien qu'il y ait toujours des raisons sous-jacentes à ce comportement, il est important de reconnaître les risques inhérents. Une fois que l'automutilation devient une habitude, il peut être très difficile de s'en défaire.

Comment identifier les signes d'automutilation ?

Identifier l'automutilation chez soi ou chez un proche requiert une attention particulière aux signes physiques et émotionnels. Des coupures dissimulées, le port constant de vêtements longs pour couvrir les bras, ou un retrait social marqué peuvent être des indicateurs. Cependant, les signes émotionnels, comme une détresse chronique et des fluctuations d'humeur intenses, doivent également être pris en compte. Une communication ouverte et une écoute attentive sont essentielles pour reconnaître ces signaux et offrir un soutien sans jugement. Voici quelques signes :

  • Nouvelles marques sur le corps (coupures, brûlures, grattages, ecchymoses...).
  • Retrait social vis-à-vis des amis, de la famille, de l'école ou du travail.
  • Baisse de performance scolaire, professionnelle ou dans les activités habituelles.
  • Changements d'humeur, de qualité de sommeil et d'habitudes alimentaires.
  • Ne plus participer à des activités auparavant appréciées ou éviter les situations où les blessures pourraient être exposées (plage, piscine).
  • Porter des vêtements amples ou longs pour dissimuler les blessures.
  • Inventer des excuses pour les blessures ou le comportement.
  • Être secret, cacher des objets pointus ou dangereux.

Les raisons sous-jacentes à l'automutilation

L'automutilation est rarement un comportement superficiel. Approfondir les raisons sous-jacentes est une étape essentielle vers le rétablissement et la guérison émotionnelle. Les émotions refoulées, les traumatismes passés et les schémas de pensée négatifs peuvent tous jouer un rôle. S'engager dans une exploration émotionnelle avec un professionnel peut aider à démêler ces fils complexes et à développer des mécanismes d'adaptation plus sains pour la gestion des émotions.

Pour les jeunes enfants, les adolescents et les jeunes adultes, de nombreux facteurs de stress se présentent simultanément. Non seulement ils sont confrontés à des changements corporels, mais ils doivent aussi gérer des exigences accrues (études, travail, relations, indépendance, responsabilités).

Les facteurs de stress qui peuvent augmenter le risque d'automutilation incluent :

  • Ruptures ou conflits familiaux.
  • Difficultés relationnelles.
  • Fréquenter d'autres personnes qui s'automutilent.
  • Antécédents familiaux d'automutilation.
  • Être victime d'intimidation.
  • Problèmes scolaires ou professionnels.
  • Abus d'alcool et de drogues.
  • Traumatisme passé, négligence ou abus.

Les facteurs personnels pouvant augmenter le risque d'automutilation chez une personne comprennent :

  • Des antécédents d'automutilation.
  • Subir des agressions ou des violences.
  • Problèmes de santé mentale.
  • Faible estime de soi.
  • Mauvaise image corporelle et haine de soi.
  • Maladie physique ou handicap.
  • Impulsivité – agir sans réfléchir.
  • Faibles capacités d'adaptation.
  • Difficultés à résoudre des problèmes.

Traitements et stratégies d'adaptation

L'importance du traitement des comportements d'automutilation

Les comportements d'automutilation, comme tout trouble de santé mentale, doivent être abordés et traités le plus rapidement possible pour réduire le risque qu'ils ne deviennent une habitude, ce qui pourrait entraîner une aggravation des comportements et des blessures.

Les conséquences à court terme de l'automutilation incluent des infections ou des lésions physiques. Cela peut également causer des problèmes sociaux, car une personne qui s'automutile peut s'isoler en raison de la honte et de la culpabilité liées à ses blessures. Si le comportement n'est pas traité, il peut devenir plus fréquent et plus grave, entraînant des blessures et des cicatrices plus profondes, et augmentant le risque de suicide.

Stratégies d'adaptation pour faire face à l'autodestruction

Pour faire face à l'automutilation, il est essentiel d'avoir une diversité de stratégies de gestion émotionnelle pour gérer les sentiments désagréables et les situations difficiles. Voici des stratégies d'auto-apaisement adaptées à différents besoins :

Si vous vous automutilez pour exprimer douleur et émotions intenses :

  • Peindre, dessiner avec des crayons de couleur, des pastels ou de la peinture.
  • Commencer à écrire et à exprimer vos sentiments.
  • Composer un poème ou une chanson pour verbaliser ce que vous ressentez.
  • Écrire tout sentiment négatif, puis brûler ou déchirer le papier.
  • Écouter de la musique qui exprime vos émotions.
  • Méditer.

Pour vous calmer et vous apaiser :

  • Prendre un bain ou une douche chaude.
  • Caresser ou câliner votre animal de compagnie.
  • Vous envelopper dans une couverture chaude ou sous la couette.
  • Masser votre corps.
  • Écouter de la musique apaisante.
  • Faire de la relaxation, des exercices de respiration profonde.

Parce que vous vous sentez déconnecté ou perdu :

  • Appeler un ami ou un proche.
  • Prendre une douche froide.
  • Tenir un glaçon dans le creux de votre bras ou de votre jambe.
  • Mâcher quelque chose avec un goût très fort, comme des piments, de la menthe poivrée ou un zeste de pamplemousse.
  • Rejoindre des groupes d'entraide ou des forums de discussion en ligne.

Pour relâcher la tension ou évacuer la colère :

  • Courir, danser, sauter à la corde, boxer, frapper.
  • Frapper un coussin ou un matelas, ou crier dans votre oreiller.
  • Presser une balle anti-stress ou écraser de la pâte à modeler ou de l'argile.
  • Déchirer quelque chose (des feuilles de papier, un magazine).
  • Faire du bruit (jouer d'un instrument, taper sur des casseroles et des poêles).

Vous pouvez aussi utiliser des substituts à la sensation de coupure de la peau :

  • Utiliser des feutres rouge ou de couleur pour dessiner sur votre peau à l'endroit où vous avez l'habitude de vous couper.
  • Frotter des glaçons sur votre peau là où vous vous coupez habituellement.
  • Placer des élastiques sur vos poignets, bras ou jambes et les faire claquer au lieu de vous couper.

Comment traiter les comportements d'automutilation ?

Lorsqu'on est confronté à l'automutilation, plusieurs options de traitement peuvent être explorées, la psychothérapie étant l'une des plus efficaces. Il est crucial de se rappeler que ce comportement est souvent lié à un trouble de santé mentale qui peut être diagnostiqué par un professionnel.

La thérapie est une approche de traitement très efficace pour divers problèmes de santé mentale et les troubles liés au traumatisme, y compris l'automutilation. Il existe une large gamme de thérapies. Le travail thérapeutique vous aide à comprendre l'interaction entre vos pensées, vos émotions et vos actions. Cela vous permet d'agir sur les processus par lesquels vos pensées mènent à des émotions qui entraînent l'automutilation, afin d'ajuster ces processus et de diminuer vos symptômes.

Si vous vous mutilez en raison de pensées suicidaires, contactez immédiatement les services d'urgence, tels que SOS Amitié (disponible 24h/24 et 7j/7) ou les urgences psychiatriques les plus proches.

Un thérapeute peut vous accompagner dans le développement de nouvelles techniques et stratégies d'adaptation pour arrêter l'automutilation, tout en vous aidant à comprendre les raisons profondes de ce comportement. L'automutilation n'est pas un acte aléatoire ; il existe de réelles causes à cette souffrance, souvent enracinées dans la petite enfance ou des traumatismes vécus.

Ce comportement peut être votre façon de faire face à des sentiments liés à des abus passés, des flashbacks, une image corporelle négative ou d'autres souvenirs traumatisants, même si les liens ne sont pas encore conscients.

Trouver le bon thérapeute

Trouver le bon thérapeute peut prendre du temps. Il est très important que le professionnel choisi ait de l'expérience dans le traitement des traumatismes et de l'automutilation. Cependant, la qualité de la relation avec votre thérapeute est probablement le critère le plus important. Vous devez vous sentir en confiance et en sécurité en sa présence. Grâce à cette attitude sécurisante, vous pourrez :

  • Briser enfin le silence et confier votre souffrance.
  • Apprendre à mieux vous connaître.
  • Écouter vos émotions, faire les prises de conscience nécessaires pour les contextualiser dans votre histoire.
  • Vous réapproprier votre corps et lui donner sa juste place.
  • Dépasser les modèles relationnels douloureux.
  • Adopter un nouveau regard pour gérer la réalité de votre vie quotidienne.

Faites confiance à votre instinct pour faire le choix du thérapeute qui vous convient. Le changement est possible. Lorsque vous êtes prêt à faire le premier pas pour traiter les comportements d'automutilation, un accompagnement psychothérapeutique peut vous guider vers une version plus complète et intégrée de vous-même.

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